Episode 11 : 6534 km apres : BAKOU CALLING

Depart Tbilissi mardi a 17h direction la frontiere avec l’Azerbaidjan : Ikindzy Sychly dit the Red bridge. La, deux arcs monumentaux genre architecture megalo de Coree du Nord nous accueillent, la merco est aux portes de la republique d’Azerbaidjan. Un premier douanier nous explique que Nadia doit passer la frontiere seule et a pied pendant que moi je vais faire enregistrer la merco-marco. Il fait semblant de verifier nos passeports et en traitre il envoie

la main dans la voiture pour prendre un paquet de cigarettes. Il nous fait ensuite signe de la main genre “degagez maintenant” : premier contact avec la mafia azerie ! Pour Nadia, le passage de la frontiere se fait sans probleme et rapidement… juste quelques questions : les douaniers comprennent pas pourquoi elle s’appelle ALI et pas ALIMOV ou mieux ALIYEV comme les Alis de la region. 10 minutes apres, Alimov se retrouve de l’autre cote, en Azerbaidjan. Elle passera 3 h a attendre seule, en pleine nuit au milieu de chiens errants et de cafards volants particulierement agressifs . Des azeris attendent aussi de l’autre cote, d’autres ont l’air de faire du traffic comme cette femme genre tres rustique : chausettes noires et

courtes, claquettes en plastique et dents en or qui, a chaque fois qu’une voiture reussit a entrer en Azerbaidjan, recupere des sacs en plastique pleins, disparait dans le noir et revient quelques minutes apres pour une autre livraison. Elle n’est pas tres discrete… tout le monde la regarde et bizarrement seuls les militaires la decalculent complet. De mon cote, le passage de la frontiere sera plus complique. Les douaniers demontent la merco et les choses s’annoncent plutot mal. Heureusement, l’un d’eux bloque sur une figurine que j’ai a l’arriere de la voiture : un porte stylo representant Georges Bush a 4 pattes, froc baisse. Ils adorent et l’objet fait le tour des bureaux jusqu’au chef des douaniers qui le recupere et y met un de ses stylos comme pour dire ” c’est a moi maintenant”. Bon tout ca detend l’ambiance, mais je dois sauver Georges Bush ! Je profite d’un eclat de rire general auquel je fais semblant de participer de bon coeur pour envoyer la main par dessus le guichet et recuperer Georges. Au bout de 3h, je retrouve Nadia en Azerbaidjan. Faire la route en pleine nuit en Azerbaidjan c’est operation kamikaze, on le sait mais on a pas le

choix…il faut avancer vers Bakou. A peine 10km apres la frontiere, je me fais arreter une premiere fois pour un soit disant exces de vitesse…seul probleme pas un seul panneau de limitation de vitesse sur le chemin. Le flic est saoul mortel et me dit que j’ai ete flashe a 90km/h. Il veut 30 manat (30euros). Probleme, j’ai seulement 20 manats. Il les prend degoute, fait semblant de noter

au crayon gris sur un cahier pourri et me dit de degager. Je pars sans preuve que j’ai bien paye l’amende. 10km plus loin, on croise une autre voiture de police qui fait carrement demi-tour.Elle nous double, sirene a fond pour nous arreter. La je m’en fous parce que je roule a 30km/h. Le mec est gros et encore une fois bien charge…il hurle en bavant. On comprend rien. Il sort un petit manuel d’anglais de sa voiture et nous dit : YOU MUST TINK ( ?) PAY, pour exces de vitesse. Je lui explique que j’ai deja paye et que la pas question parce qu’aucune infraction. Les flics encerclent le merco et le gros voyant que je lachais rien appelle quelqu’un qui parle anglais au telephone a qui je reexplique la situation. Finalement, il nous laissera partir, apres nous avoir gratte des cigarettes et des snickers ( ???). On reprend la route entre 30 et 60km/h. Tres dur. Les flics sont postes partout visibles ou plus ou moins caches

avec leurs radars faits maison derriere des abris bus. On se croierait dans cherif fait moi peur a part que la ca fait vraiment peur. C’est la premiere fois

depuis qu’on est parti qu’on a affaire a une police-mafia qui rackette les gens.

L’operation racket est loin d’etre terminee. Un nouveau controle de police. Ca commence tres fort, a peine sorti du merco le flic me tire le col du polo pour mettre son doigt sur le tatouage M13. Ca me rend fou mais je reste calme. Le mec est encore plus ivre que les precedents. Il lit le nom de Nadia sur son passeport et s’approche de sa vitre en collant sa grosse tete et son sourire version tout en or pour crier : Nadja, Nadja !!! Alimov lui fait un petit ” Hi”

tres poli et tourne la tete vers moi. Elle me maudit. L’affaire n’est pas terminee…le flic voit que j’ai un vuvuzela…il m’oblige a le sortir et me voila en Azerbaidjan sur une route en plein nuit a jouer du vuvuzela pour la police-mafia locale (merci Agnes !!!). On a plus un rond, alors cette fois pour nous sauver, je dois filer des clopes. Je leur sors les cigarettes de prolos que

j’ai achetees en Georgie, des Astras …ils ne veulent pas de ces cigarettes de pauvres et finissent par m’offrir une des leurs. On degage. Cette nuit la, je finis par battre mon record d’arrestations …15 au total, mais on s’en sortira pas trop mal : 20 manats et des clopes.Mais on aura bien compris que le racket en Azerbaidjan est en partie organise par la police. Apres tout ca, on decide de

faire une pause pour dormir 1h ou 2h. On choisit un endroit eclaire genre station essence. Un gars en costard vient nous dire : How can I help you ? On lui explique qu’on se repose 2h sur le cote et qu’on reprend ensuite la route. On sort les coussins pour dormir dans la merco et la il nous envoie un de ses molosses qui nous dit de degager. Heureusement 2km plus loin, on trouve une place planquee entre deux camions. On repart 2h apres. Le jour commence a se lever et on se rapproche de Bakou. Les environs de Bakou sont comme on les imaginait : c’est un immense chantier a ciel ouvert, des kilometres de tuyaux de gaz, des pipelines, au loin les stations de forages de la mer Caspienne, l’eau est marron et ca sent la Mede. A ce moment precis, on essaie Nadia et moi de se souvenir d’ou est venue l’idee Marseille-Bakou…pourquoi Bakou ? On rigole. Bon c’est bien beau d’etre arrive en merco a Bakou, mais maintenant, il faut qu’on trouve un hotel, on est mort. Un premier hotel genre meuble pourri de Belsunce en mode sovietique…couloirs immenses, portes des chambres ouvertes…probleme il ne prend pas la CB et on veut garder notre liquide pour les situations d’urgence. On finit par en trouver un dans la vieille ville… plus cher…pas bon pour le budget mais bon pour le moral : la chambre a une petite terrasse avec une vue de

fou sur Bakou en chantier, son terminal petrolier et la Caspienne. Enfin la recompense. Welcome to Bakou

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