« A partir de l’économie parallèle brĂ©silienne des populations urbaines dĂ©favorisĂ©es, Marc Boucherot va axer sa recherche artistique sur le dĂ©tournement de l’objet inventĂ© par les populations tiers. Ces objets sont des baraques ambulantes qui vendent toutes sortes de produits consommables ( nourriture, boisson, bonbons, cigarettes, journaux, quincaillerie, droguerie, etc….) Ces modules sont des « mini » ou « hypo-marchĂ©s », concepts diamĂ©tralement situĂ©s Ă l’opposĂ© de l’hypermarchĂ©, conçu dans les annĂ©es 1970 par l’économie capitaliste occidentale. En effet, la baraque permet la survie d’un individu ou d’une famille et cette micro-Ă©conomie participe de cette immense Ă©nergie marginale autogĂ©rĂ©e par les laisser pour compte de nos sociĂ©tĂ©s capitalistes. Marc va dĂ©tourner les objets de manière Ă ce qu’ils soient identifiĂ©s par les codes des nos systèmes rĂ©fĂ©rentiels occidentaux Ces baraques les triporteurs « LĂ oĂą tu veux », – que le Frac achète -, deviennent des lieux d’exposition et de diffusion (images, sons), mais aussi, des objets d’art politiquement et publiquement perturbateurs : l’artiste contemporain crĂ©e sa propre Ă©conomie parallèle pour vivre. En effet, des produits (culturels et fongibles) sont proposĂ©s Ă la consommation par l’objet d’art lui-mĂŞme, et cela permet Ă l’artiste de vivre de son art (art du dĂ©tournement, rĂ©cupĂ©ration/transformation : Art de (sur) Vivre ?) et ainsi de poser la question du statut social, citoyen et humain de l’artiste dans nos sociĂ©tĂ©s capitalistes et plus encore celle de la place et de la fonction de l’objet d’art dans son rapport au monde contemporain.
L’œuvre de Boucherot est située dans l’Entre Deux, zone de turbulence, no man’s land d’insécurité et de vigilance. L’artiste séduit par sa promptitude à menacer l’équilibre des codes et des systèmes du monde de l’art occidental, mais il entraîne le public à une prise de conscience incontournable sur la stratégie géopolitique des rapports Nord/Sud.