Les folles vacances de monsieur Boucherot
L’artiste phocéen part cette semaine pour un périple entre Marseille et Bakou en Azerbaïdjan. Au volant de sa Mercedes siglée MP 2013, il entend tisser des liens à chaque frontière.
« Vous vous souvenez le dessin animé des « Fous du volant » avec Diabolo et Satanas ? Et bien voilà, c’est nous », déclare Marc Boucherot pour définir en une formule son improbable voyage. A l’idée de se retrouver grimée en chien ricanant, Nadia Ali éclate de rire. La compagne de l’artiste sera copilote, 45 jours durant. Une bonne humeur bienvenue à moins d’une semaine d’un voyage de 12 000 kilomètres qui doit les mener à Bakou, en Azerbaïdjan, au volant d’une Mercedes 190 siglée aux couleurs de Marseille Provence 2013. Mais quelle nouvelle mouche voyageuse a piqué l’artiste marseillais ? « Je suis parti une première fois avec cette voiture pour rejoindre Gdansk, en Pologne, au moment où nous étions candidats à la capitale culturelle. C’était dans le cadre d’un projet européen « Cities on the edge » qui réunissait toutes les villes border line d’Europe. » Depuis, la ville est devenue lauréate et la Merco délirante a dormi dans un garage. « Je me suis dit que si on était capitale culturelle, on ne devait pas se contenter de recevoir nos hôtes étrangers, mais aller à leur rencontre. »
Interroger les frontières
Ils partent donc pour une odyssée automobile vers les marches de l’Europe, sur les rives de la mer Caspienne. « Dans mon imaginaire, Bakou est la ville improbable que l’on voit au début de James Bond. Un terminal pétrolier, centre de tous les trafics. » Pour atteindre la capitale de l’Azerbaïdjan, le plasticien n’a pas choisi l’itinéraire le plus touristique, bien au contraire. Chaque frontière traversée soulève un problème géopolitique : de la Bulgarie en Grèce – « là, c’est Schengen » -, de la Grèce en Turquie, de la Turquie en Irak, en Iran… « Nous savons que chaque frontière représente un risque, reconnaît Nadia Ali, jeune docteur en arts islamiques, passée par Harvard. Nous nous préparons à y passer du temps. » C’est d’ailleurs de ces points chauds que partiront les mails à leur réseau de mécènes populaires. « Nous avons lancé une opération pour nous aider à financer le voyage qui repose sur nos fonds propres, explique Marc Boucherot. En achetant un magnet de la Mercedes à 20 euros, les donateurs suivront chaque passage de frontière. » Dans leurs bagages légers, caméra et appareil photo et quelques livres. L’usage du monde de l’écrivain voyageur Nicolas Bouvier et Comparer l’incomparable de Marcel Détienne pour Nadia Ali. Cent ans de solitude de Garcia Marquez pour Marc Boucherot. « Il y a dans ce roman un prophète gitan, Melkiades, qui m’inspire. » Son fantôme souriant les accompagnera sûrement jusqu’aux rives du fleuve Amour…
Article de BENOIT GILLES pour « la marseillaise »